Les frivoles Tikamis ont la chance d'avoir la Déesse de Justice, Athéna, pour mentor.
Un essai du doux Tikami
“Evil begins when you begin to treat people as things.”
“Le Mal commence lorsque l’on commence à traiter les gens comme des choses.”
—Terry Pratchett
Un des concepts les plus fondamentaux de mon peuple,
celui que l’on s’empresse d’apprendre aux jeunes Tikamis,
celui qui est au cœur de notre système éthique,
c’est celui des Trois VOL : Vol’Ben, Vol’Nox et Vol’Res.
Le Vol’Ben, vous le connaissez déjà. C’est une attitude d’esprit qui cherche à faire le bonheur des gens qu’elle croise. On pourrait la définir comme un mélange de bienveillance, gentillesse, délicatesse…
Le Vol’Nox, vous le maîtrisez hélas aussi. Cette façon de chercher le malheur d’autrui, vous la nommez parfois malveillance, sadisme, brutalité…
Mais le phénomène le plus répandu dans vos sociétés, et dont vous ne semblez pas mesurer l’importance, c’est celui du Vol’Res. Il existe quelques termes chez vous pour le désigner, mais bien peu usités : réification, chosification, amoralité…
Le Vol’Res revient à considérer un être sensible comme un simple objet, destiné à assouvir nos pulsions, à servir nos intérêts. Et notre sagesse populaire Tikami clame que le Vol’Res est “le terreau des pires maux”.
En effet, des personnes profondément sadiques, il en existe statistiquement peu : 5% de la population selon les estimations sociologiques [1]. Si votre planète est dans un tel état de désastre environnemental et économique, si l’injustice et la corruption y sont la norme et non l’exception, ce n’est pas à cause de ces prédateurs isolés, que les 95% restants sauraient en théorie cadrer. C’est plutôt à cause de l’effrayante proportion d’humains qui baignent dans le Vol’Res.
Vous en connaissez certainement ; des personnes qui seraient prêtes à piétiner nombre de principes pour faire prospérer leurs entreprises, se créer une bonne notoriété, séduire l’être désiré, ou protéger leurs biens et leur personne ; qui trient leurs congénères entre “utiles” et “inutiles”, entre ceux qu’elles apprécient et ceux qu’elles ne peuvent pas sentir ; qui laissent les criminels prospérer tant qu’ils n’empiètent pas sur leurs plates-bandes ; qui ne respectent la loi que par peur des sanctions ; et qui rejoignent la horde des sbires et des bourreaux dès que la géopolitique les y pousse.
C’est toute la puissance mortifère du Vol’Res : combiner des buts légitimes avec des moyens illégitimes, pour aboutir à d’innombrables catastrophes morales, et à des sociétés dont se plaignent jusqu’à ceux qui les ont rendues ainsi.
Une encyclopédie ne suffirait pas à recenser tous les cas où l’on rencontre du Vol’Res. Je vous incite donc juste à le garder dans un coin de votre tête. D’une part, parce que vous aurez maintes fois l’occasion de le croiser, sous l’une ou l’autre modalité, dans les différents sujets abordés par mon petit site. D’autre part, parce qu’il pourrait vous servir de judicieuse “clef de lecture”, face aux comportements aberrants que vous ne manquerez pas de croiser dans votre quotidien.
[1] | voir le site anglophone http://psychologia.co/psychopath-vs-sociopath/ |